Le monde comme il me parle
Kersauson par Olivier ou sous la mer, l’homme de coeur.
” Notre histoire est solitaire. Notre naissance est solitaire. Quand on meurt, on est seul ; on a beau tenir la main d’un mourant de toutes ses
forces, il part… Les choses fortes de notre vie sont solitaires, toujours. L’illusion qu’on passe son temps à se donner, c’est que nous ne sommes
pas seuls. Comme on est nombreux, on tente de se reconstituer un monde où l’on serait ensemble ; mais on n’est jamais ensemble.
Irréductiblement seuls.
J’aime la solitude. J’ai la nostalgie de l’homme seul. Mon fantasme absolu, c’est que le monde ressemble à la réalité que je perçois. En somme, la
non-solitude n’est qu’un accident. J’ai souvent plaisir avec le groupe mais je ne sais pas partager mes émotions. D’ailleurs, ceux qui disent
partager leurs émotions, je me demande comment ils font. La vie est solitaire. Et j’ai le goût d’être seul.
La solitude en mer, c’est l’isolement du reste des hommes. La vraie vie est en mer. La vie, à terre, c’est de la complaisance ? pas de la
compromission car le mot est inélégant ? de la complaisance pour l’autre, de la politesse vis-à-vis de lui. Quand vous marchez sur un trottoir,
vous envoyez en permanence des signaux pour que les autres s’écartent.
La solitude, chez les anglo-saxons, elle est suspecte car pour eux, tout est ” dans le groupe “. Chez les latins, elle est déjà plus romantique.
D’ailleurs, on remarque que dans une course en solitaire, il y a plus de latins que d’anglo-saxons.
Au vrai, la solitude, c’est une belle histoire… c’est nous. Voilà, c’est nous. Je suis seul donc je suis moi. Ce n’est pas avec les autres qu’on se
connaît, c’est seul. Alors, on éprouve ce que l’on est : tout ce qu’il y a de formidable et d’infiniment médiocre. C’est une comptabilité qu’on ne
rend pas obligatoirement publique !
On ne vit pas pour l’image que vous renvoie l’autre mais pour être mieux en soi. Le destin est une forme d’intransigeance : il faut tenter de bien
se tenir avec soi. La vraie histoire, c’est soi. Mieux on se connaîtra et plus on sera indulgent avec l’autre. La meilleure manière d’aimer un peu
l’autre, c’est de se connaître bien. “
O. de K.
À la suite d’Ocean’s Song, Olivier de Kersauson revient sur ses courses, ses grands exploits. Plus intimiste, il parle aussi de sa vie, de ses
sentiments, de l’amour, de l’amitié… Avec ce deuxième opus, il se livre davantage sur sa véritable nature. Au vrai, il tombe le masque. Ainsi
découvre-t-on un homme profond, habité par des idéaux.