L’esprit de la philosophie médiévale
“Essayer de dégager l’esprit de la philosophie médiévale c’était se condamner à fournir la preuve de son existence ou à avouer qu’elle n’a jamais existé. C’est en cherchant à la définir dans son essence propre que je me suis vu conduit à la présenter comme la « philosophie chrétienne » par excellence. Il se trouve donc que cet ouvrage converge vers cette conclusion, que le Moyen Age a produit, outre une littérature chrétienne et un art chrétien, une philosophie chrétienne, ce dont on dispute. Mais il ne s’agit pas de soutenir qu’il a créé cette philosophie de rien, pas plus qu’il n’a tiré du néant son art et sa littérature. L’esprit de la philosophie médiévale, tel qu’on l’entend ici, c’est l’esprit chrétien, pénétrant la tradition grecque, la travaillant du dedans et lui faisant produire une vue du monde, une Weltanschauung spécifiquement chrétienne.” En 1921, Gilson enseigne la philosophie médiévale à la Sorbonne. Il donne l’impulsion à ces études alors trop négligées dans l’Université française. En 1923, il devient professeur au Collège de France, occupant la chaire d’Histoire de la philopsophie jusqu’à sa retraite en 1951.