L’Afrique du Sud et les États voisins -Philippe Gervais-Lambony
L’Afrique australe suscite aujourd’hui un regain d’intérêt, notamment de la part des investisseurs et des grandes puissances, qui cherchent à y développer de nouvelles formes de partenariat. Au sein de cet espace, l’Afrique du Sud occupe une place majeure. Depuis la fin de l’apartheid, le pays, qui a rejoint le cercle des BRICS, a connu des transformations considérables : nouveau système politique, réorganisation des découpages territoriaux, réforme des systèmes de santé et d’éducation, etc. Dans le même temps, quelque 8 millions de personnes ont gagné un accès à l’eau courante et près de 3 millions de logements sociaux ont été construits. L’Afrique du Sud est-elle pour autant tout à fait postapartheid et peut-elle être le moteur d’une Afrique australe qui en reste largement dépendante ? Plus de 40 % des Sud-Africains vivent en dessous du seuil de pauvreté et les clivages sociaux semblent s’accroître. Bien des promesses n’ont pas été tenues, notamment celle d’une réforme foncière, essentielle si l’on observe l’évolution du Zimbabwe voisin. Dans les quartiers pauvres des villes, les révoltes populaires contre les autorités locales et les violences régulières contre les migrants étrangers révèlent les insatisfactions profondes des plus démunis. Enfin, en août 2012, le massacre de la mine de platine de Marikana a choqué les opinions publiques mondiales. Les transformations en cours peuvent donc sembler contradictoires : certaines découlent du passage de l’apartheid au post-apartheid et d’autres de la réintégration dans le système économique mondial. Quelles qu’elles soient, elles ont affecté tous les États frontaliers de l’Afrique du Sud : Botswana, Lesotho, Mozambique, Namibie, Swaziland, Zimbabwe. Cette édition augmentée vise à interroger les réorganisations territoriales de la région après les changements politiques de ces vingt dernières années.